En d’autres termes, est-il encore raisonnable de nos jours de continuer à puiser dans les ressources naturelles pour toujours produire plus ? Le 11 avril dernier, j’ai participé à une formation* animée par Didier Bonnin sur l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, l’EFC.
Pour comprendre l’intérêt de la démarche, il faut comprendre les limites des modèles économiques actuels basés sur la production de volumes : où le but est de faire consommer au maximum les clients afin qu’ils achètent encore et encore. Vous avez une voiture, mais l’obsolescence programmée fera qu’elle tombera en panne à moyen terme afin que vous en veniez à en acheter une autre. Et même si votre voiture fonctionne encore, le marketing fera que vous aurez envie d’en acheter une plus récente, plus belle, avec plus d’options, etc. Ce modèle économique répond au principe de financiarisation qui s’est mis en place depuis des décennies et qui est devenu un principe impérieux, au dépens des autres enjeux.
Mais pour entretenir ce modèle, il faut devenir et rester attractif, essentiellement par le prix. Cela amène à une concurrence féroce, et à une diminution drastique des prix ainsi que de la qualité, à la densification du travail, à la délocalisation et à l’exploitation de populations défavorisées, prêtes à travailler dans des conditions de travail dégradées (voire parfois dangereuses…).
Autant dire que, en tant que psychologue du travail, ce constat me touche… et en tant que citoyenne du monde, je ne peux pas rester indifférente devant le constat des ressources naturelles dévastées pour alimenter la demande qui a été induite.
Alors comment concilier le désir d’entreprendre et la préservation des biens communs et du bien-être commun ?
L’économie de la fonctionnalité et de la coopération propose de produire autrement, en pensant le produit dès sa conception, et tout au long de sa vie :
- quels matériaux, quelle provenance et quel mode de fabrication de ces matériaux pour minimiser l’impact environnemental ?
- quelle durée de vie la plus longue possible de mon produit, avec quelles possibilités de réparation ? de mutualisation ?
- comment diversifier les usages de mon produit ?
- comment faire monter en compétences mes salariés et les clients à travers des externalités positives (les effets non intentionnels qui ont des impacts sur la société) ?
Le but :baisser les volumes et les ressources matérielles utilisées, en augmentant la valeur de l’offre de service, via la mobilisation subjective des salariés et des bénéficiaires par le management de et par la coopération.
Néanmoins, des barrières culturelles restent à franchir :
- en tant que client : accepter la « non possession » au profit de la location, ne plus voir le bénéfice à court terme mais aussi celui à plus long terme…
- en tant qu’entrepreneur : chercher la valeur immatérielle et non plus seulement matérielle, ne plus réfléchir en termes de rentabilité mais de partage de valeurs, favoriser la coopération et l’engagement à travers la confiance, remettre la santé au cœur du fonctionnement et de la stratégie d’entreprise…
ATEMIS propose un accompagnement des entreprises et organismes qui souhaitent aller dans ce sens, car il s’agit là d’une véritable décision stratégique. La stratégie doit de plus être reliée à la dynamique territoriale pour agir sur tout l’écosystème afin de garantir la durabilité de la démarche. ATEMIS est aussi un soutien, et a créé des réseaux et clubs dans toutes les régions.
Alors, sommes-nous prêts à faire évoluer nos modes de consommation et de production ?
*formation organisée par le RESACT à l’Université Toulouse Jean Jaurès
A venir : prochain Congrès de la SELF à Tours dont le thème est « Comment contribuer à un autre monde ? » : une conférence sur le management par les ressources, avec François Hubault, ergonome, Maître de conférences à Paris I et membre d’ATEMIS
Pour en savoir plus sur l’EFC :